Le Cameroun a qualifié jeudi de “biaisés” les commentaires des experts de l’ONU affirmant que Maurice Kamto était assigné à résidence, et accusant Yaoundé de “force excessive” lors des récentes manifestations.
Maurice Kamto est présenté comme le principal opposant au président Biya. Sa maison est encerclée par la police depuis trois semaines. Ce dernier a déclaré mardi à l’AFP par téléphone qu’il était toujours empêché de partir et qu’il était “séquestré”, sans aucune notification des autorités.
Lundi, les experts des droits de l’ONU ont demandé la libération de Maurice Kamto de son assignation à résidence pour avoir appelé à des manifestations contre Biya. Ils ont également demandé la libération de dizaines d’autres personnes qui auraient été arrêtées lors de ces manifestations du 22 septembre.
Dans une déclaration reçue jeudi par l’AFP, le gouvernement a qualifié les commentaires des experts de l’ONU de “subjectifs et biaisés” et les a accusés d’avoir relayé et amplifié des “contre-vérités”. Selon lui, Kamto et ses associés ont défié les lois et règlements en violant l’interdiction de manifestation publique.
“Face à de telles menaces à l’ordre public, il incombait naturellement aux autorités publiques de prendre les mesures nécessaires pour faire face à la situation, ce qui a été fait”, indique la déclaration, sans s’étendre sur le sujet.
Sur les 294 partisans du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), dirigé par Kamto, qui ont été arrêtés, elle ajoute que 176 ont été libérés.
Maurice Kamto a perdu contre Paul Biya lors de l’élection présidentielle de 2018, et a été arrêté en janvier de l’année dernière à la suite d’une marche protestant contre le vote. Biya a ordonné sa libération neuf mois plus tard.
Le 18 septembre de cette année, le président du MRC il a appelé à des manifestations de masse pour exiger des réformes électorales ainsi qu’un cessez-le-feu dans les zones anglophones du pays frappées par l’insurrection.
Quatre jours plus tard, la police a écrasé une manifestation dans la capitale économique du pays, Douala, détenant 93 manifestants dont 58 étaient toujours en détention à la date de mardi, selon leurs avocats. Ils faisaient partie des plus de 500 personnes arrêtées dans tout le pays. Ces marches avaient pris l’allure de manifestations publiques pour le départ du président Biya.