La sphère des médias sociaux au Cameroun explose avec une campagne en cours pour que le gouvernement arrête la mise en place d’une nouvelle méthode de paiement des frais de dédouanement pour les appareils mobiles importés. Cette méthode repousse la charge du paiement à l’utilisateur final en cas de défaillance de l’importateur.
La mesure, qui rend le dédouanement obligatoire pour tous les téléphones entrant dans le pays immédiatement, devrait officiellement entrer en vigueur le 15 octobre 2020. Les efforts déployés par les services des douanes et de la fiscalité du Cameroun pour convaincre les citoyens de la nécessité du nouveau mode de paiement de la taxe tombent dans l’oreille de résistants.
Campagne hebdomadaire #EndPhoneTax au Cameroun
Sur les réseaux de médias sociaux comme Twitter, il existe un hashtag appelé #EndPhoneTax qui est à la mode depuis le début de la semaine, avec plus de 18 000 tweets déjà. Une expérience similaire se déroule également sur Facebook, dans un mouvement qui pousse le gouvernement du pays à repenser la nouvelle méthode de paiement des impôts avant même qu’elle ne soit effectivement entrée en vigueur.
Ce qui semble avoir piqué la bile des Camerounais à propos de cette nouvelle mesure est que le paiement des frais de dédouanement d’un téléphone peut reposer sur les épaules d’un utilisateur qui n’a aucune idée de la manière dont le téléphone ou l’appareil mobile a été importé dans le pays. C’est-à-dire que dans le cas où un utilisateur achète un téléphone ou un appareil mobile qui n’a pas été dûment dédouané, la responsabilité de ce dédouanement lui incombe.
Rebecca Enonchong, une célèbre femme d’affaires camerounaise, a également interpellé le gouvernement sur ce qu’elle a déclaré être un transfert de responsabilité pour le paiement des droits de douane par les importateurs aux utilisateurs finaux de téléphones portables.
Le gouvernement camerounais explique la nouvelle mesure
Alors que la campagne de protestation contre la nouvelle méthode de paiement des droits de douane par téléphone se poursuit, le gouvernement s’est efforcé d’expliquer la situation aux citoyens. Les fonctionnaires des services fiscaux et douaniers du pays ont depuis lors tenu des conférences de presse pour expliquer ce qui va se passer avec la question fiscale.
Selon eux, l’impôt en question n’est pas nouveau, mais ce qui est nouveau, c’est le système par lequel il sera désormais payé. Selon eux, cela est dû au fait que les importateurs ont, au fil des ans, omis de payer les droits de douane pour les téléphones aux différents ports d’entrée – d’où la nécessité pour le gouvernement de mettre en place de nouvelles stratégies pour s’assurer que ces paiements ne sont plus contournés.
“L’utilisateur du téléphone a toujours payé la taxe de 33%. Le service des douanes n’a pas créé de nouvelle taxe. Le seul problème est que nous avons changé la façon dont la taxe peut désormais être payée. C’est maintenant soit physiquement (aux points d’entrée dans le pays), soit par voie électronique…”, a déclaré Guy Innocent Diffouo, un haut fonctionnaire des douanes, lors d’une conférence de presse à Yaoundé le 12 octobre.
À propos du nouveau mode de paiement pour les importations de téléphones
Les nouveaux paiements sur les téléphones importés au Cameroun sont conformes à l’article 7 de la loi de finances 2019 du pays qui prévoit la perception de taxes sur l’importation de téléphones portables et de tablettes dans le pays, sous certaines conditions. Un plan visant à activer la disposition de la loi de finances a été annoncé pour la première fois en mars dans une déclaration conjointe des ministres des finances et des télécommunications.
La plate-forme de paiement électronique prévue à cet effet est déployée par une société connue sous le nom de Artificial Intelligence Technology (ARINTECH) SARL. Elle travaille avec les services gouvernementaux compétents au Cameroun pour s’assurer que les fournisseurs de réseaux de téléphonie mobile du pays configurent leurs systèmes de manière à éviter toute connexion à leurs réseaux respectifs par des téléphones et des tablettes non autorisés.
Le Cameroun dispose d’un marché en plein essor pour les téléphones mobiles et autres appareils mobiles. Selon les statistiques, le pays comptait au moins 23 millions d’abonnements à la téléphonie mobile en janvier 2020, ce qui représente environ 90 % de la population totale. Les chiffres de la direction générale des douanes du pays indiquent également qu’environ quatre millions de téléphones sont importés dans le pays chaque année.