Le Cameroun déclare avoir un besoin urgent de plus de 2 000 litres de sang pour sauver la vie d’environ 300 personnes, y compris des patients hémodialysés, dans la ville anglophone de Bamenda.
Les personnels de santé affirment que la peur du COVID-19, associée aux attaques croissantes des combattants séparatistes, a fait fuir la plupart des donneurs de sang. Les personnes blessées lors de la crise séparatiste et les patients en dialyse sont donc évacués d’urgence dans les hôpitaux des villes en régions francophones.
Ngum Sirri, 55 ans, transporté d’urgence à l’hôpital général de Yaoundé et hémodialysée, déclare : “Il y a des personnes vulnérables à l’hôpital qui ont besoin de sang, comme celles qui sont sous dialyse, celles qui ont la drépanocytose. Nous avons une pénurie de sang à l’hôpital”.
Sirri fait partie des 30 patients venus de Bamenda, au nord-ouest du pays, qui ont reçu une aide d’urgence à l’hôpital général au cours des six derniers jours.
Fidelis Ako, chef de l’unité de transfusion sanguine de l’hôpital régional de Bamenda affirme que les banques de sang se vident dans les villes anglophones.
“La crise sociopolitique a fait fuir beaucoup de nos donneurs. Comme l’hôpital est un centre de prise en charge des personnes atteintes de Covid-19, beaucoup de gens pensent qu’en venant ici, ils vont être contaminés. Or, le coronavirus n’est pas injectable”, a-t-il déclaré.
Selon lui, la banque de sang de l’hôpital de Bamenda n’a pas pu aider 40 patients dans le besoin durant les sept derniers jours.
“La semaine dernière, nous avons reçu plus de 70 demandes de poches de sang, mais nous n’avons pu transfuser que 31. Avant la crise, nous transfusions plus de 4 000 poches de sang par an, mais à ce jour, nous n’avons pas pu en transfuser jusqu’à 2 000. Ce qui montre que nous allons perdre davantage de patients parce que notre banque est appauvrie”, a déclaré M. Ako.
Les autorités sanitaires ont annoncé la semaine dernière des mesures incitatives pour encourager le don de sang. Les civils qui donnent leur sang bénéficieront par exemple d’une réduction de 50 % de leurs factures médicales lorsqu’ils seront malades. Le Cameroun a déjà signalé plus de 20 000 cas de COVID-19, avec 415 décès depuis le 5 mars, date à laquelle le premier cas de coronavirus a été signalé sur le territoire, selon les données de l’université Johns Hopkins.