La rentrée scolaire pour l’année 2020/2021 débute le 05 octobre sous un rythme inhabituel : le système de mi-temps, à cause de la persistance de la pandémie de Covid-19. Ce qui a des incidences sur plusieurs aspects dont l’explosion du prix de la scolarité dans les établissements privés.
A ce sujet, l’avis de Suzanne Eko Biwole, qui s’est exprimée ce samedi sur la question, expose profondément ce problème sur tous ses aspects et propose quelques solutions au gouvernement camerounais.
« C’est une conséquence directe, prévisible et logique de la décision récente du gouvernement sur l’adoption d’un système de mi-temps pour la prochaine rentrée scolaire.
En effet, avec cette décision, pour y faire face, le secteur privé éducatif devra prendre des mesures supplémentaires qui entraînent plus de charges dans l’encadrement des écoliers et élèves. Il faudra recruter plus d’enseignants, plus d’encadreurs chargés de la discipline, de la sécurité, de l’hygiène…
Il faudra que les établissements scolaires privés s’équipent de dispositifs de sécurité supplémentaires.
Qui va payer toutes ces nouvelles dépenses ? La réponse est claire : les ménages (ou les parents)… Ce sera très difficile pour plusieurs de ces agents économiques (ménages) d’assurer et de soutenir une scolarité de qualité à leurs enfants tout au long de la prochaine année scolaire, à cause des répercussions de la pandémie du Coronavirus sur le plan économique (baisse des revenus, perte d’emplois, chômage technique, ralentissement de la production et de la croissance).
Connaissant le poids du secteur privé éducatif dans les villes camerounaises et notamment à Yaoundé, Douala et Bafoussam, il devient urgent pour le gouvernement de prendre des mesures d’accompagnement (subventions) pour aider les établissements scolaires privés, dont plusieurs assurent une mission de service public de l’éducation, afin de ne pas faire payer aux parents les dépenses supplémentaires relatives à l’adoption des mesures barrières édictées par le gouvernement. L’octroi de ces subventions est conditionné par un assainissement préalable de la carte scolaire.
Si ces subventions ne sont pas faites à temps, ce sont les parents et les ménages qui risquent de connaitre d’énormes difficultés pour permettre à leurs enfants d’accéder à l’éducation. Ce qui peut entrainer la pauvreté de ces ménages, ainsi que le décrochage scolaire de leurs enfants. Ce qui mettra encore plus à mal la relance économique et le développement du capital humain des camerounais.
A moyen terme, il faudra aussi que le gouvernement augmente la capacité d’accueil du secteur éducatif public qui est relativement moins cher que le privé. Ceci peut se faire par la construction en urgence de nouvelles salles de classes et de nouveaux établissements scolaires afin de réduire les sureffectifs (plus 100 élèves par classe) qu’on peut observer dans certains écoles primaires et lycées en zone urbaine.
Enfin, il y a urgence d’adopter une démarche holistique dans la prise de décisions. La pandémie du Coronavirus a des impacts dans tous les secteurs de notre pays. L’adoption des mesures de prévention doit être adaptée en tenant compte des particularités et des spécificités des différents secteurs. »
Suzanne Eko Biwole est Administrateur Principal de la Santé Publique et Spécialiste en Ressources humaines. Elle s’intéresse aux questions politiques, économiques, sportives et sociales et commente régulièrement l’actualité d’un ton objectif sur ses différentes plateformes de médias sociaux.