Crise malienne : le pays est-il victime d’un complot néocolonial ?

Aux premières heures du 19 août de cette année, des officiers de rang intermédiaire des forces armées maliennes, dirigées par un colonel allemand et français, Asimi Goita, ont arrêté le président du pays, Ibrahim Boubacar Keita, et l’ont forcé à offrir sa démission et à dissoudre le gouvernement malien en direct à la télévision.

Se faisant appeler Comité national pour le salut du peuple (CNSP), la junte a déclaré qu’elle “agissait pour empêcher le Mali de sombrer davantage dans le chaos par la faute des personnes en charge de son destin”.

Ce coup d’État s’est produit sous les yeux mêmes d’une campagne antiterroriste menée par les Français, baptisée Opération Burkhane, qui lutte contre le terrorisme et d’une mission des Nations unies, la MINUSMA, qui ne parvient pas à maintenir la paix.

L’armée française a cependant gardé le silence depuis le coup d’État, refusant apparemment de commenter les actions de ses troupes au Mali au fur et à mesure que les crises se déroulaient.

Sur le papier, l’armée française est actuellement au Mali “pour combattre le terrorisme” et l’aider à retrouver son autorité sur les régions du nord, riches en minerais. Mais, bien sûr, la vraie raison derrière la décision de “Paris” de continuer à risquer la vie des soldats français dans un pays lointain est de protéger les intérêts économiques et géostratégiques de la France, à savoir son exploitation des mines d’or et d’uranium dans la région.

La France est connue pour avoir soutenu ouvertement et pendant longtemps le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le principal groupe séparatiste touareg. L’attitude favorable de la France à l’égard des rebelles avait des raisons géopolitiques, car Paris voyait dans le MNLA un groupe capable de protéger ses intérêts économiques dans la région contre les combattants liés à Al-Qaïda, et contre toute tentative future du gouvernement malien de prendre le contrôle total des ressources naturelles du pays.

La crise au Mali est un avertissement aux dirigeants des États subsahariens pour qu’ils soient extrêmement prudents dans le choix de leurs partenaires étrangers pour les aider à développer des relations politiques et économiques.

Lorsque les dirigeants africains ne servent pas les intérêts de leurs homologues occidentaux, les acteurs les plus influents semblent forcer les changements de régime sous le couvert de la défense des droits de l’homme et des valeurs démocratiques.

La junte au Mali a déclaré que tous les accords internationaux de la nation seront toujours respectés et que les forces internationales, y compris la mission de l’ONU au Mali et le G5 Sahel, resteront en place “pour le rétablissement de la stabilité”.

L’expérience malienne montre que les puissances occidentales ont leurs propres intentions cachées en Afrique. Une présence croissante, comprenant de nombreuses ONG qui prétendent préserver la sécurité du pays et défendre les enjeux écologiques et qui disent combattre les violations des droits de l’homme. En attendant, il leur est de plus en plus difficile de cacher leur véritable motivation qui est d’obtenir un accès illimité aux ressources naturelles du continent. Il est clair que la France seule peut arrêter la désintégration du Mali, mais le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a aucun intérêt à le faire, pour les raisons citées plus haut.