Dans des tentatives très vite maîtrisées par les forces de maintien de l’ordre, des dizaines de Camerounais adeptes de changement « à tout prix » ont manifesté dans les rues, leur désir de voir Paul Biya quitter le pouvoir. Maurice Kamto, leader du MRC à l’origine de ce rendez-vous, a marqué les événements par son absence muette.
Le mot d’ordre de la manifestation avait été émis et relayée sur les réseaux sociaux par plusieurs cadres et sympathisants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), notamment le porte-parole de Maurice Kamto, Monsieur Bibou Nissack Olivier. La date choisie était le 22 septembre 2020.
Ce que l’ensemble de la presse nationale annonçait dans sa revue de ce jour dit et d’un même ton comme « le jour tant attendu » ou encore « le jour le plus long » n’a finalement pas eu l’envergure qu’on pouvait imaginer. Les annonces pompeuses et fracassantes de ce que le gouvernement a qualifié d’appel à l’insurrection ont accouché d’un pétard mouillé.
Décidé à mettre fin au régime en place suite à la convocation du corps électoral pour les élections régionales de décembre prochain par le Président Paul Biya, les partisans du MRC et de Maurice Kamto ont d’un pas timide gagné les rues à Douala et à Bamenda, avant d’être dispersés par les FMO.
Quelques arrestations ont été enregistrés, mais le plus marquant jusqu’en cette fin d’après-midi est l’absence de Maurice Kamto dans les rangs. Son compère et homme de main Albert Dzongang, d’une allure courageuse, a marqué le pas dans les rues de Douala avant de subir les foudres de l’arrosoir policier. Il est la seule forte tête qui jusqu’ici apparait sur les images et vidéos enregistrées à cette occasion.
Où se trouve Maurice Kamto ?
L’espoir d’une partie du peuple, le leader apprécié pour son esprit stratège comme ils le disent si bien dans son parti, est invisible et muet en ce jour qui semblait déterminant pour la suite de sa carrière politique. C’était d’ailleurs censé être le jour d’une nouvelle page dans l’histoire du Cameroun : l’aboutissement d’une révolution enclenchée en 2019, au lendemain des élections présidentielles.
Mais ni Kamto, ni ses lieutenants Alain Fogué, Olivier Bibou Nissack et Emmanuel Simh, pour ne citer que ceux-là, n’étaient présents dans les rues du pays pour réaliser l’appel public au départ du président.
Auraient-ils abandonné les troupes, craignant d’être appréhendés par les FMO et conduits en prison pour un long nouveau séjour ? Auraient-ils été empêchés de sortir de leurs domiciles ? Ont-ils d’avance été mis aux arrêts pour que soit assuré l’échec de leur projet ? L’absence de Maurice Kamto est-elle juste un autre stratagème destiné à exposer les « violations » des droits de l’homme par l’Etat camerounais ?
Les futures heures nous feront y voir plus clair.
Toujours est-il que les manœuvres dans le désir de changement selon la vision du MRC semblent de moins en moins convaincre le reste de l’opinion publique sur sa capacité à conquérir le pouvoir, car toutes ses tentatives rencontrent l’échec, tellement le pouvoir en place ne lésine pas sur les moyens pour l’étouffer.
Qu’il s’agisse de lâcheté ou de retenu pour l’intérêt de l’ordre public, il faut reconnaître que la non présence de Kamto et de ses plus fervents lieutenants sur le champ de bataille ce jour aura donné une saveur triste aux élans de ses soutiens populaires. Une guerre menée sans roi dont on ignore réellement les aboutissants, seul au front, alors qu’un mot d’ordre d’annulation n’avait pas été lancé au préalable. Après la révolution manquée des abeilles ? Que nous réserve la suite ?