Dans un communiqué, la Confédération des enseignants anglophones du Cameroun sonne une fois de plus l’alarme sur les effets dévastateurs du conflit en cours dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Ces méfaits, principalement sur l’éducation, risquent encore de causer une situation pouvant conduire à une année blanche. Le président de ce syndicat lance un double appel au gouvernement et aux séparatistes.
En tête de proue de la protestation en 2016, avant que la crise se transforme en conflit armé, les enseignants établissent, quatre ans plus tard, un constat amer : les attaques contre les élèves et le personnel éducatif se perpétuent inlassablement, en raison du boycott sur l’éducation imposé par les séparatistes.
Stephen Afuh, président du Syndicat des enseignants de l’Autorité presbytérienne de l’éducation (PEATTU), lance un double appel : au gouvernement d’accélérer la mise en œuvre des réformes promises et censées permettre un retour à la paix, et aux séparatistes de cesser de prendre l’école en otage.
« Les conséquences de la crise sur l’éducation sont inimaginables », souligne Stephen Afuh au micro de Florence Morice, du service Afrique de RFI.
« Il y a très peu d’écoles qui fonctionnent et surtout dans les villes. Mais quand vous allez à la périphérie, dans les villages, toutes les écoles sont abandonnées et envahies par la végétation et les serpents. Remettre tout cela en état prendra un temps fou », ajoute-t-il.
« Je lance un appel aux séparatistes pour qu’il laissent les écoles fonctionner. Qu’ils donnent une chance à la paix et qu’ils n’utilisent pas l’éducation dans leur stratégie pour faire entendre au gouvernement leurs revendications. Il y a d’autres moyens sans paralyser l’école. Ils doivent réaliser que les enfants sont innocents et ont besoin d’éducation pour leur propre développement et pour le développement de leur pays lorsqu’ils seront grands », a conclu le président de la PEATTU.
La balle est donc dans le camp des séparatistes sur lesquels il ne faut cependant pas beaucoup compter, car à la veille de la rentrée scolaire 2020/2021 qui prend effet le 05 octobre prochain, leurs crimes et exactions semblent monter d’un cran. Les mesures prises par l’armée semblent à même de porter de fruits, mais, comme l’a souligné le président de la PEATTU, il faut encore compter avec le temps.
De même, plusieurs enseignants ont déserté les lieux à cause de la peur, au vu des multiples exécutions filmées et publiées de leurs collègues par les séparatistes. Une peur qui constitue un frein considérable au redémarrage des activités scolaires des zones abandonnées.